3e congrès suisse de l’industrie du bois à Thoune: économie circulaire dans la pratique
Plus d’une centaine de personnes des secteurs de la forêt et du bois ont répondu à l’invitation du 2e congrès de l’industrie du bois. Elles le savent bien: le bois est une matière première renouvelable; en tant que bois d’œuvre, le bois emmagasine de grandes quantités de CO2; le bois vit, même s’il est finalement brûlé – un cycle naturel parfait. Malgré cela, la thématique «quelle peut être la contribution de l’industrie du bois à l’économie circulaire?» a été au centre du congrès. La raison à cela est rapidement apparue: à côté du cycle naturel, il y a aussi un cycle technique. A savoir, lorsque les matériaux de construction sont utilisés le plus longtemps possible ou au moins réutilisés. Ce cycle pourrait rapidement devenir d’actualité: tant en Suisse qu’à l’étranger, des lois sont en discussions pour imposer la circularité des produits. Une pénurie ou un renchérissement des matières premières peut également contraindre le secteur du bois à une économie circulaire. Enfin, la concurrence dans le secteur des matériaux de construction minéraux fait d’importants efforts pour devenir plus durable. On ne peut donc pas se reposer sur les avantages de la circularité naturelle du bois.
Il faut faire preuve de créativité
Mais comment réutiliser le bois? Daniel Müller, responsable du domaine physique du bâtiment / durabilité et construction circulaire chez PIRMIN JUNG, s’est exprimé ainsi, dans sa présentation, après l’allocution du conseiller d’Etat Christoph Ammann: «La construction circulaire commence dès la conception. Nous ne réfléchissons pas seulement à la manière d’assembler le bois, mais aussi à la manière de le désassembler.» Autrement dit: utiliser et réutiliser le plus longtemps le plus souvent possible les éléments porteurs et, surtout, employer des vis plutôt que des agrafes. Et faire preuve de créativité pour la réutilisation: ainsi, des éléments porteurs peuvent par exemple connaître une seconde vie en tant que poteaux non porteurs, lorsque leur sécurité ne peut plus être garantie. Du moins en Suisse.
Economie circulaire corsetée par les normes
Il n’en va pas de même en Allemagne. Une charpente démontée y est considérée comme un déchet spécial – l’une des entraves législatives qui compliquent la situation chez nos voisins. Malgré cela, des projets novateurs permettent de créer de nouvelles références dans l’économie circulaire, comme le souligne Markus Derix, associé gérant de Derix GmbH, dans son exposé. L’engagement à reprendre les matériaux de construction en fait partie. «Product as service» est la nouvelle devise, autrement dit, les matériaux sont pour ainsi dire loués. Là aussi, toutefois, le problème réside dans les coûts du démontage et du stockage du vieux bois. Pour l’instant, ce n’est pas encore rentable. Malgré cela, «une construction durable et circulaire est incontournable et peut être mise en œuvre avec un coût supportable», estime Markus Derix. Et d’ajouter: «Le secteur du bois devrait jouer un rôle précurseur dans ce domaine, au lieu d’attendre que d’autres secteurs de matériaux de construction prennent les devants.»
Colles: la recherche avance
Mais il y a encore un autre problème: les colles. «Elles occasionnent 50% des émissions lors de la production des dérivés du bois», relève le prof. Dr Ingo Mayer, responsable de la filière Master Wood Technology à la HESB Bienne. Il a toutefois une bonne nouvelle: avec son équipe, il a réussi à extraire du sucre et des tanins de l’écorce et de produire, à partir de ces deux composants, une colle qui répond à des exigences importantes en matière de performance, tout en causant moitié moins d’émissions. «Nous recherchons actuellement des partenaires pour des essais d’applications», précise-t-il. Il en va de même pour l’invention permettant de produire, à partir de déchets biologiques, un film de cellulose avec une forte propriété liante. Et le plus fort: cette propriété liante peut aussi être désactivée.
Une créativité libérée a besoin d’un marché libre
Que penser de tout cela? Les participants au débat public qui a suivi, sous la direction du directeur d’IBS Michael Gautschi – à côté des conférenciers, il y avait Roman Bühler, responsable des achats de bois chez Swiss Krono AG, et Nico Stanger, chargé de mission pour l’Europe des associations DACH – ainsi que les avis du public sont unanimes: fondamentalement, le secteur du bois est sur la bonne voie en matière d’économie circulaire. «Nous n’en parlons seulement pas assez», estime Roman Bühler. Il s’agit de sensibiliser également les maîtres d’ouvrages au principe de l’économie circulaire, ajoute Daniel Müller. Enfin, les normes et les ordonnances doivent suivre au plus vite la volonté politique en faveur d’une économie circulaire. Le président d’IBS Thomas Lädrach le résume ainsi: «Nous avons besoin de davantage de courage pour l’économie de marché.»
Pour tout complément d’information: Michael Gautschi, directeur d’Industrie du bois Suisse, tél. 031 350 89 89.