2e Congrès suisse de l’industrie du bois: le bois mobilise
Commençons par les marchés: Gerd Ebner, rédacteur en chef du Holzkurier, n’a pas mâché ses mots pour décrire les soubresauts actuels de l’industrie européenne du bois. Les exportations outre-mer, particulièrement importantes pour l’Allemagne et l’Autriche voisines, se sont effondrée précisément au moment où la construction a connu un fort ralentissement en Europe. Au moment où des productions existantes sont retirées pour freiner la chute des prix des sciages, de nouvelles installations et usines sont toutefois réalisées à la tâche pour lancer de nouveaux produits et systèmes de construction en bois. Actuellement, la mobilisation du bois devient de plus en plus difficile. Car les forêts européennes souffrent tellement du changement climatique (ou plutôt: du choc climatique?) que Gerd Ebner a enrichi le vocabulaire forestier d’un nouveau terme, en référence à la situation en Thuringe: «désépicéation».
Si Gerd Ebner reste malgré tout optimiste, c’est pour trois raisons: premièrement, l’industrie du bois sait – au moins depuis ces dernières années – que les prévisions relatives marché sont généralement difficiles et que la réalité s’avère souvent différente. «Deuxièmement, la situation encore relativement stable concernant les commandes des entreprises de construction en bois et les déclarations d’Ursula von der Leyen, qui veut faire de l’Europe un continent de constructions en bois, sont encourageantes», a estimé Gerd Ebner devant plus de 100 auditeurs, dans la construction en bois iconique et moderne du centre commercial Explorit. Et troisièmement, les grands investisseurs de tout le continent rivalisent de dynamisme pour réaliser d’immenses constructions en bois – merci à la durabilité et au zéro net.
Tirer davantage de bois des forêts suisses est réaliste
Il n’en va pas autrement en Suisse. Bien que le problème d’exportation du secteur européen du bois soit devenu, pour la Suisse, un problème d’importation – en raison de la pression sur les prix – le recul de la production de nos scieries reste limité à quelques pour-cent. Le développement des capacités reste également mesuré et les nouvelles capacités répondent à une demande réelle du marché intérieur. Nous pouvons donc nous consacrer entièrement, en Suisse, à la problématique de la mise à disposition du bois supplémentaire dont nous avons besoin comme matériau et, de plus en plus, comme agent énergétique. Dans ce cadre, il était intéressant d’apprendre ce que le canton accueillant le congrès de cette année de l’industrie du bois avait entrepris dans ce sens. L’inspecteur cantonal des forêts du canton de Vaud Jean Rosset a évoqué des programmes de promotion très efficaces pour la construction en bois suisse. Et oui : «On pourrait récolter 50'000 à 100'000 m3 de bois supplémentaires chez nous», a précisé Jean Rosset. Didier Wuarchoz, directeur de l’organisation de commercialisation «La Forestière », qui représente plus de 80% du bois vaudois, précise qu’il y a de grandes quantités de bois inutilisées dans les forêts privées suisses, tout en soulignant que « la récolte de bois doit être rentable, notamment pour les propriétaires forestiers privés.» Il est par conséquent important de maintenir les prix des grumes, que l’on a pu relever au cours de ces dernières années. Didier Wuarchoz prévient toutefois : dans une perspective à long terme, il convient de surveiller le recul de l’épicéa.
La desserte forestière devient un thème central
L’une des stratégies pour cela est de mobiliser des réserves inexploitées d’épicéas dans les Préalpes et les Alpes suisses. Janine Schweier et Leo Bont, du groupe de recherche Gestion forestière durable du WSL, ont présenté les modélisations basées sur leur ensemble méthodologique «Concepts généraux de desserte forestière», développé spécifiquement dans ce but. On peut en dégager trois principes : 1) Une exploitation économique et durable de la forêt dépend de manière déterminante de la qualité de la desserte forestière. 2) Une desserte optimisée au moyen d’une route forestière permet une récolte de bois économe en ressources et abaisse les coûts du transport hors de la forêt. Dans les débats qui ont suivi leur présentation, c’est surtout le dernier principe qui a retenu l’attention, à savoir 3) «De tels projets de desserte forestière deviennent réalistes avant tout lorsqu’ils tiennent également compte des intérêts d’autres acteurs et qu’ils sont mis en œuvre conjointement avec le secteur énergétique, l’agriculture et le tourisme», a souligné Janine Schweier. Roland Furrer, directeur d’Entrepreneurs forestiers Suisse, a saisi la balle au bond et s’est réjoui que «la problématique de la desserte forestière n’est plus un tabou et s’invite dans les débats». Pour Thomas Lädrach, président d’Industrie du bois Suisse, c’est maintenant à la Confédération et aux cantons d’agir: «Il faut un engagement des pouvoirs publics. Quelques cantons vont dans la bonne direction avec des contributions à des câbles-grues. Maintenant, il faut également des contributions aux dessertes forestières, en tant que de tâche conjointe de la Confédération et des cantons». Pour Michael Gautschi, directeur d’Industrie du bois Suisse, il ne fait par conséquent aucun doute: «Nous allons chercher le dialogue avec les cantons et les propriétaires forestiers, pour développer et coordonner la thématique de la desserte forestière – conjointement avec d’autres acteurs et la recherche»
Renseignements: Michael Gautschi, directeur Industrie du bois Suisse, tél. 079 916 98 64.
Des informations complémentaires sur le thème de la desserte forestière sont proposées ici:
www.wsl.ch/de/projekte/walderschliessung/
Télécharger le PDF du communiqué de presse
Télécharger les images du congrès sous forme de fichier .zip
Industrie du bois Suisse – Association des scieries et de l'industrie du bois Industrie du bois Suisse est une association indépendante qui s’engage depuis 1886 en tant qu’association d'entrepreneurs pour les intérêts des scieries et des entreprises de transformation de l’industrie du bois. Industrie du bois Suisse compte environ 200 entreprises comme membres directs. Pour celles-ci, l’association organise la formation professionnelle, négocie le partenariat social et assume diverses tâches administratives et réglementaires. Elle représente en outre le secteur à l’extérieur, s’engage dans diverses organisations du secteur et est l’association responsable de Lignum Economie suisse du bois. Pour en savoir plus : www.holz-bois.ch. |